Piranhas

Les fond marins, tragiques et mystérieux, hôtes de lieux inexplorés et de ténèbres insondables, ont alimenté l’imaginaire collectif depuis bien des années. Bien que l’Homme, avide de connaissance, décida éventuellement de se tourner vers le cosmos, il ne maîtrise point l’astre qu’il foule depuis des millénaires. Dominant les étendues terrestres qu’il a modelées selon ses désirs, il n’est pourtant que primate à la merci des torrents indomptables, victime de son handicap physique et de son ignorance. Nous connaissons certes beaucoup de choses sur la faune et la flore marines mais ce n’est toutefois qu’une infime partie de tout ce que les mers, océans et fjords abritent. Mythes et légendes font l’éloge, encore aujourd’hui, de créatures marines fabuleuses, de monstres intemporels assoiffés de sang, de bêtes préhistoriques intemporelles. Le doute subsiste mais la croyance demeure. Même si c’est la présumée fiction qui a frayé le plus efficacement son chemin dans la conscience populaire, la science aussi a fait des avancées et on a retrouvé des animaux cauchemardesques qui, parfois même, étaient toujours vivants, prêts à sévir…

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Piranha

Il va sans dire que c’est le requin qui détient la palme (HA HA!) du prédateur marin ayant suscité le plus de peur chez l’être humain mais pendant que cette crainte injustifiée nous habite, le danger réel nous guette. Prenez garde, voyageurs, aux méduses, aux hippopotames et aux dauphins mais aussi à ces poissons hostiles et voraces que sont les piranhas. Jadis plutôt actifs dans certaines histoires ou films généralement reliés au fleuve Amazone, nous avons tous en tête quelque image caricaturée que ce soit d’un marin englouti par les flots pour n’en ressortir que sous forme de squelette décharné. Le piranha, poisson relativement petit aux dents acérées, est principalement reconnu pour sa voracité et son aspect répugnant. Certaines variétés étant désormais disponibles à l’animalerie du coin, généralement toutes disposées à déchiqueter un petit rongeur et vous laisser le loisir de nettoyer l’aquarium par la suite, il semblerait que la réputation de ce carnivore tel que nous le connaissons se soit grandement estompée… jusqu’à maintenant.

Alors que le cinéma d’horreur des dernières années verse généralement dans la tristesse et la médiocrité, le film Piranha 3D nous offre un récit cauchemardesque à saveur humoristique (à moins que ce ne soit que moi qui aie l’esprit tordu) qui a eu pour effet de favoriser la contraction de mes muscles abdominaux tout en nuisant à ma respiration. Long-métrage prisé par tout mâle qui se respecte et par certaines femelles hors du commun, l’écran est généralement saturé d’effusions explicites d’hémoglobine et/ou de poitrines majoritairement féminines et souvent dénudées. Aussi prude et conservateur sois-je, je ne peux qu’exprimer vivement mon bonheur lorsque l’on expose devant mes yeux ébahis des adolescents (et jeunes adultes) mutilés et des seins voluptueux. Même Gianna Michaels est de la partie afin de glorifier la nudité poitrinaire en trois épiques dimensions.

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Femme intelligente

Cette aventure rocambolesque met donc en vedette un jeune con héroïque, une jeune femme qui ne sert qu’à mettre en valeur les qualités du jeune con, une milf, des gens superficiels et peu vêtus, un scientifique glorieux, un flic noir brutal, un savant fou incarné par Christopher Lloyd et une horde de piranhas préhistoriques affamés. Non seulement vous êtes déjà convaincus mais il y a même une histoire approximativement pertinente pour souder ensemble ces éléments gagnants. En effet, une secousse sismique a pour effet de créer une fissure au fond d’un lac, ce qui le relie à un autre lac souterrain plus grand qui abritait malencontreusement de violents poissons d’un âge révolu qui n’attendaient depuis des lustres que de dévorer Richard Dreyfuss. Chemin faisant, nos amis à nageoires se retrouvent au beau milieu d’un tournage érotique ainsi que d’une foule de joyeux lurons dévergondés qui souillent allègrement le modeste bassin dans le cadre du populaire « Spring Break » américain. Tous les éléments sont ainsi en place afin de nous offrir une heure et vingt-huit minutes de pur délice audiovisuel qui ne peut que rassasier les besoins primaires du téléspectateurs.

À l’instar de la soupe de grand-maman, ce film est un amalgame efficace de toutes ces petites choses qui font en sorte que la vie mérite d’être vécue, soit les seins, le sang, la violence et l’abus d’alcool. Ce drame psychologique d’horreur avec un soupçon de science-fiction nous amène donc, sous le couvert de la facilité, à porter une réflexion sur la fragilité de la vie humaine, sur l’amour, la compassion, l’instinct maternel ainsi que sur notre impuissance, surtout lorsque dans l’eau au milieu d’une foule de gens paniqués entrain de se faire manger par des poissons.

19 Réponses to “Piranhas”

  1. Les seins de Gianna Michaels en 3D. Il faut que je vois ça ! Même si je dois y perdre une paire de pantalons.

    Je vois que les producteurs et scénaristes de ce film merveilleux ont agréablement pastiché les éléments les plus importants des films d’horreur !

    – Un(e) ado laid(e) qui se fait tuer en premier ;
    – Une femme magnifique qui survit et montre ses boules sans raison ;
    – Un scientifique qui comprend tout et fournit les quelques explications nécessaires pour la compréhension du phénomène ;
    – Des monstres répugnants.

    S’agit d’un film d’horreur porno, ou d’un film porno horrifique (quoique dans cette catégorie, on doit aussi inclure les oeuvres qui présentent des relations sexuelles entre personnes âgées) ?

  2. Ta mère-grand fait de la soupe avec des seins et du sang? 😛

  3. C’est une excellente recette. Tout est dans le dosage. Trop de mamelons gâchent un peu le goût. Il faut aussi s’assurer de bien dégorger les ingrédients, afin d’en retirer toute la saveur.

  4. @Hérétik: Certes! Afin d’offrir certaines clarifications, c’est un « vieillard » qui meurt en premier, il y a un tas de filles qui montrent leurs boules sans raison mais pas vraiment qui survivent, un scientifique qui n’aide pas particulièrement mais qui est notoire par défaut, des monstres coquins. Je dirais que c’est un film « gore » vautré dans un certain érotisme/exhibitionnisme.

    @Le Détracteur: Oui.

    @Hérétik: Je n’utilise que la viande, pas la peau.

  5. Un film d’horreur où on ne voit pas de seins sans raison est un échec artistique.

    J’ai déjà observé de vrais pirahnas dans un aquarium américain. Sales bêtes. Elles dévoraient leur souper, des morceaux de chair crue. Elles se rapaissaient goulûment et frénétiquement. Pas sûr que je voudrais y mettre le doigt…

  6. @Hérétik: J’abonde en ce sens. C’est bien connu, le nudisme attire la Grande Faucheuse. J’ai connu quelqu’un qui possédait un piranha et qui lui donnait des rongeurs à manger. Semblerait-il qu’il était pénible de nettoyer l’aquarium par la suite. Je ne suis pas adepte de plaisirs aquatiques en général, outre la douche, surtout lorsque la flaque dans laquelle je me trouve contient des bestioles potentiellement néfastes à mon bien-être.

  7. Les pirahnas sont assez rares au Lac-Saint-Jean. C’est sûr qu’il y a de terribles Ouananiches et autres Ménés, mais leur potentiel de carnassier ne devrait pas troubler le baigneur.

    J’adore me baigner dans une rivière glacée. Ma plus belle expérience remonte à plusieurs années, alors que je me suis saucé dans la rivière Moisie (ça ne s’invente pas) sur la Côte-Nord. Hostie que c’était frette. De l’eau à moins de 50 degrés Farenheit, ça traverse la chair et on la sent sur ses os. Plus de 10 minutes de baignade à travers les glaçons et c’est l’hypothermie. Mais c’est vivifiant. Mon totem chez les gentils campeurs de Charlesbourg étant l’ours, je me dois d’y faire honneur.

  8. J’ai tellement ri à la lecture de ton billet! Il faut que je vois ça! 😀

  9. @Hérétik: Je ne me baigne que rarement au Lac-Saint-Jean, étant plus familier avec les zones boisées où je combats à mains nues ours et/ou orignaux. N’aimant le froid que sous forme d’air, j’exècre la sensation que me procure l’eau froide lorsqu’en contact avec mon scrotum, propulsant mes testicules vers mes poumons alors qu’elles sont en quête de chaleur. J’aime bien les brèves expositions aux chutes glacées dans les spas nordiques mais je me réserve la nage pour les situations dangereuses en haute mer alors que je tombe à l’eau vêtu d’une cotte de maille lors de tempêtes historiques.

    @Noisette Sociale: Le visionnement de ce film procure une joie intense et inébranlable. En ce moment, par exemple, j’ai envie de flinguer des poissons avec un fusil de chasse, le tout en souriant, idéalement vêtu d’une simple salopette.

  10. Ce serait plus grim de les chasser avec un canif suisse, le tout immergé dans leur habitat naturel.

    Je connais bien la sensation que procurent les testicules qui migrent vers le nord lorsque mises en contact avec la fraîcheur d’une eau qui rafraîchirait même les ardeurs de Gianna Michaels. Mais je leur ordonne de rester bien place, afin de continuer à assurer la protection de mon Barad-Dur. HA!

  11. Thumbs up pour « la palme » !
    ahahah

  12. @ Noisette Sociale

    «Il faut que je vois ça!»

    J’avais la même idée, mais Rémi a vendu le punch : «il y a un tas de filles qui montrent leurs boules sans raison mais pas vraiment qui survivent». Je n’aurais jamais cru…

    Devrais-je me retrancher sur un ersatz ?

  13. Bien que je ne dépenserai pas 14,50$ pour voir un film en 3D dont je ne pourrai apprécier par manque de réalisme. Il va s’en dire que ton billet à déclencher en moi une certaine nostalgie. L’école d’ingénierie dans laquelle j’ai eu le bonheur d’évoluer, avait comme mascotte le Piranhas.

    Plusieurs souvenirs cocasse y sont associés, notamment le déguisement affreux de Piranhas ( dans lequel nombreuse personnes renvoyèrent le contenu de leurs estomac après un abus de boissons alcooliques en tout genre et dont l’odeur semble rester imprégner au fil du temps) porté par un brave collègue dans le cadre d’un vidéo ou on lui fait débouler l’escalier…

    Malheureusement, le fait d’avoir un aquarium remplit de Piranhas dans un Pub étudiant n’as pas eu, dans notre cas, l’effet d’apporter des filles au poitrines volumineuses et dévêtus dans les soirées organisées à ce dit endroit. Cette école d’ingénierie étant principalement dominer par la gente masculine, il y aurait certainement eu un succès fulgurant.

    Il est certains que pour tout établissement débordant de testostérone, l’apparition de Gianna Michaels dans un party de fin de sessions aurait pour effet de relâcher la pression et de récompenser ceux ayant bien travailler.

  14. Très très intéressant et instructif, le billet et les commentaires aussi…

    « à porter une réflexion sur la fragilité de la vie humaine, sur l’amour, la compassion, l’instinct maternel ainsi que sur notre impuissance…. »

    La conclusion va tellement de soi, c’est exactement ce que je me disais tout au long de la lecture du billet…

  15. Sombre Déréliction Says:

    bon billet! 🙂 Faudrait me payer cher pour que je me déplace pour voir quelque chose aussi dénué de réalité et d’originalité. Les producteurs de films d’horreur manque-t-ils d’imagination au point où ils se voient réduits à produire toujours les mêmes scénarios avec comme seule nouveauté la progression des effets spéciaux?? Astie!

    😯

  16. @Hérétik: Un couteau suisse est fort utile mais pas « grim », à moins de chasser avec la cuillère. Bonne continuation à tes testicules et toi-même.

    @YzaRocK: Faut avouer que c’est de l’humour de qualité supérieure! 😉

    @Darwin: J’en suis navré; j’ai une fois de plus surestimé mon lectorat. « Mega Piranha » semble bien mais jamais autant que « Mega Shark VS Giant Octopus ».

    @LaMs: Manque de réalisme? C’est certain que les seins naturels ne semblent pas être représentés outre mesure dans ce long-métrage mais c’est néanmoins un portrait véridique de la société contemporaine dans un contexte extrême.

    Excellent choix que d’avoir un piranha comme mascotte. Les étudiants sont ingrats; les costumes de mascotte ont une âme.

    @koval: Je reconnais bien là ta perspicacité et ce souci de décortication de la nature humaine qui nous unit.

    @Sombre Déréliction: Manquer d’imagination? C’est un concept tout-à-fait unique et fabuleux que de jeter en pâture à des piranhas une horde de jeunes dévergondés dénudés, le tout agrémenté d’amour, de drame, de danger. Ce sont les histoires d’amour qui sont redondantes, les histoires de carnage versent régulièrement dans l’originalité.

  17. Sombre Déréliction Says:

    😡

  18. encore un film que je dois voir absolument. merci pour ta chronique très… constructive.

  19. @sadfran: Salutations et bienvenue en ces lieux qui ne sont que trop délaissés en ces temps de végétalisme cérébral. Ce fut un plaisir de commenter cette œuvre unique et je suis ravi d’avoir pu contribuer à ton attrait celle-ci.

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